Chapitre 31 : Le temps file à toute allure
La semaine était passée à toute vitesse, et nous étions le week-end. Clio et Ben avaient prévu d’emmener les enfants au parc pour l’occasion ils avaient invité Peter et Wendy. Ils faisaient encore beau, l’automne semblait vouloir prendre son temps avant de s’installer et ils comptaient bien en profiter. Ils se retrouvèrent donc au milieu d’après-midi après la sieste des plus jeunes. Hélios et Thalie étaient surexcités, Thalie l’était pour trois tant elle courut dans le parc. Elle voulut tout tester, ses cousins et son frère les surveillaient elle et Hélios pendant que les adultes discutaient.
- Cela ne vous manque pas trop ? demanda Wendy à Benjamin
- De quoi ?
- Voyagez comme vous l’avez fait au début, avant vos enfants ?
- Non, on voyage autrement, répondit Ben avec un sourire.
- Je suis contente de les avoir, même si Thalie n’est pas toujours facile.
- J’imagine bien, elle me fait penser à Flynn et Rider au même âge.
- Oui, leurs bêtises en une seule petite fille, et elle arrive à entrainer son frère dans ses âneries. Heureusement rien de méchant. Mais parfois ils me font peur, qu’est-ce que ça va donner en grandissant ?
- Ou ils vont se calmer ou ça va empirer, dit Wendy avec un sourire.
Wendy n’aurait jamais pu avoir une prédiction plus juste. Les enfants étaient en primaire, Rémi au collège. Il était une véritable tête en mathématique, tout comme Hélios, Thalie elle… Elle n’aimait pas l’école. Elle préférait courir, jouer, danser, la seule chose qu’elle aimait c’était faire rire, faire du théâtre. Elle adorait. En classe, elle prenait souvent des remarques comme quoi elle était trop dissipée. Mais elle en riait, et la maîtresse avaient bien du mal à lui faire comprendre qu’il fallait être sage. Jusqu’à ce qu’elle en parle à ses parents qui l’inscrirent alors à la danse. Elle avait été diagnostiquée comme hyperactive et une fois qu’elle fit cette activité, elle réussit à être beaucoup plus assidue en cours. Elle en vint presque à apprécier, même si elle avait toujours du mal à rester assise, elle se forçait car elle savait que le soir venu elle aurait danse. Elle pourrait courir, danser, chanter même. Elle avait hâte et attendait avec impatience l’heure où la sonnerie retentira.
Le moment que Thalie préférait, c’était le week-end. Ses parents l’autorisaient à aller vadrouiller dans les alentours, elle ne pouvait pas aller trop loin, de toute façon son jumeau le lui rappellerait mais elle n’en avait pas envie. Elle avait trouvé le coin parfait. Là, dans la trouée entre les arbres, elle avait comme l’impression d’avoir une scène. Elle montait et s’inventait des histoires qu’elle jouait devant son frère qui la regardait d’un œil distrait occupé à dessiner ou lire. Il ne parlait que peu mais adorait regarder sa sœur. Tout était si facile pour elle ! Elle avait des amis à la pelle, tous les garçons voulaient devenir son amoureux, il la jalousait un peu mais il préférait de loin sa solitude qui lui permettait de lire ou dessiner comme il le voulait mais il la jalousait de ne pas avoir peur d’aller vers les autres. Il avait tellement peur lui ! Il bafouillait dès qu’on l’interrogeait, rougissait ce n’était pas normal !
- Viens Hélios ! lui cria sa jumelle depuis son arbre.
- Je vais tomber si je te rejoins, lui dit-il.
- Mais non ! Je te tiendrai ! Viens voir ! lui cria-t-elle à nouveau.
A regret il quitta son coussin de mousse pour rejoindre sa sœur, il grimpa maladroitement et une fois en haut comme promis sa sœur le tient, elle lui montra alors et il eut le souffle coupé. La vue était magnifique ! Mais surtout, il y avait là dans la trouée qui menait à leur clairière une petite biche et son faon qui s’approchaient d’eux. Thalie sourit
- Je t’avais dit, chuchota-t-elle, c’est beau hein ?
- Trop !
Les deux enfants restèrent longtemps perchés en haut de leur arbre sans voir le temps passer et c’est leur mère qui criaient leur nom.
- Oups ! Vite à la maison ! dit la fillette en prenant la main de son frère et ils disparurent.
Lorsque les deux enfants apparurent dans le jardin Hélios râla,
- Et mon livre ?!
- Il est là ! répondît Thalie avec un grand sourire en le brandissant
- Les enfants... Je croyais avoir été claire il me semble vous deviez rentrer avant l'heure du souper.
- Pardon maman, mais on a vu une biche et son bébé et du coup on a pas fait attention à l'heure.
- Mhmm... Allez vite vous laver les mains chenapans.
Ce que les deux gamins firent sans se faire prier. Le repas de déroula tranquillement, les deux enfants racontèrent leurs aventures puis vint leur de se coucher.
- Vous avez dit bonne nuit à mamie ? demanda Benjamin
-Pas encore papa, on y va là, lui répondit Hélios
Ces derniers allèrent dans la chambre de leur grand-mère et lui dirent bonne nuit. Ils ne se doutaient pas que le lendemain leur grand-mère les aurait quittés. Dans son sommeil sans douleur.
C’est dans la matinée, en voyant que sa mère ne se leva pas que Clio alla la voir. Elle appela les urgences paniquée, mais lorsque ceux-ci arrivèrent, ils annoncèrent simplement que la vieille femme les avait quittés dans la nuit. Ils présentèrent leurs condoléances à la jeune femme et préparèrent un certificat de décès. Clio se sentait mal, elle ne s’y attendait absolument pas. Certes sa mère était âgée, mais elle l’avait toujours vu comme une présence rassurante, qui serait toujours là pour la rassurer ou l’éclairer. Pas un seul instant elle ne l’avait imaginé mourir. Elle avait bien du mal à y croire, sa mère cette force tranquille qui l’avait toujours épaulée n’était plus. Elle pleura beaucoup ce jour-là, le plus dur fut de l’annoncer à ses enfants. Ils eurent du mal à comprendre surtout Thalie, mais finalement beaucoup pleurèrent. Elle appela son frère aussi, et la nouvelle fut un choc aussi pour lui. Oui Janice était fatiguée ces derniers temps, mais comme souvent à l’arrivée de l’été. Le changement brusque de chaleurs l’avait toujours fatiguée depuis son accident. L’incinération eut lieu le samedi suivant. A croire que la vieille femme avait su son heure venue, elle avait mis de l’ordre dans ses affaires, fait ses derniers souhaits. L’un d’eux était d’être incinérée et que ces cendres soit rependues dans l’océan. Après la cérémonie, la famille se rendit sur une des plages où elle avait pris l’habitude de venir durant l’été. Ils répandirent les cendres de leur mère dans l’océan. Elle qui adorait nager et qui ne le pouvait plus, voulait que son repos se passe dans l’eau, cet élément qu’elle avait tant adoré. Ils restèrent un long moment sur la plage à regarder les vagues s’écraser à leurs pieds. Ils avaient l’impression que le monde se riait d’eux à continuer à être aussi joyeux, à voir le soleil qui brillait haut et fort.
- Mamie serait contente vous savez… dit soudain Thalie, elle adore le soleil mamie !
- Tu as raison ma puce, répondit Clio, mamie serait très contente de voir ce beau temps.
- On joue alors ? demanda la fillette. Elle était incapable de rester triste, incapable de comprendre que les autres avaient besoin de pleurer. Pour lui faire plaisir, les adultes jouèrent un peu avec elle. Elle réussit à leur tirer quelques maigres sourires, mais en ce matin de début d’été, la joie n’était pas vraiment au rendez-vous.
Le deuil fut à la fois court et infiniment long pour Thalie. Sa mamie était morte, certes, mais elle était vieille et elle avait compris que cela faisait partit de la vie. La preuve on tuait des animaux pour pouvoir les manger, et ceux qu’on ne mangeait pas finissaient par mourir de vieillesse. Dans son esprit, les choses étaient normales et elle en avait marre que ses camarades ou ses professeurs lui parlent avec trop de douceurs. Certes au début elle en avait tiré avantage, elle avait été dispensée de devoirs, si un contrôle était trop mauvais on le lui faisait repasser en disant que c’était la tristesse qui l’avait déconcentrée. Ses copains et copines lui donnaient leurs goûters ou lui laissaient leurs desserts à la cantine… Mais maintenant elle en avait marre d’être traitée différemment des autres. Elle voulait être traitée comme tout le monde, à la même enseigne et c’est ce qu’elle expliqua haut et fort. Qu’elle en avait marre. On la crut difficilement mais finalement on finit par faire comme elle le demandait, surement une excentricité dans son deuil. Les mois passèrent, les années et la petite Thalie, bien qu’elle soit toujours aussi proche de son jumeau et de son grand-frère devient aussi de plus en plus indépendante. Elle a besoin de tout savoir, de tout voir, de tout faire. Mais surtout, elle est fascinée par le théâtre et l’écriture. Elle s’amuse, se déguise reproduit des petites pièces que ses professeurs lui font étudier en cours. Le collège est tout de même beaucoup plus intéressant que la primaire ! Rémi lui est au lycée, elle a hâte d’y être aussi au lycée. D’être grande, et puis au lycée il y a un club de théâtre…
Hélios lui, s’est beaucoup renfermé à la mort de sa grand-mère, déjà peu bavard il s’est encore plus plongé dans ses livres et ses dessins. Mais, il s’est aussi découvert une nouvelle passion : l’astrologie et les langues anciennes. A leur entrée au collège, il avait rapidement fait un choix et choisi l’option grecque ancien et latin. Il s’amusait de voir tous ces mots aux prononciations si différentes mais qui étaient pourtant rentrées dans le langage courant. Notamment sur tous les noms scientifiques des plantes, des animaux, des insectes. Il était d’ailleurs fasciné par ces derniers, tout ce qui touchait à la nature le fascinait, les animaux, les plantes, les insectes et plus récemment les étoiles. Il pouvait passer des heures et des heures à regarder à travers le télescope que ses parents lui avaient offert pour ses douze ans. Combien de fois, sa jumelle était-elle venue le chercher alors que l’aube approchait ? Combien de fois s’était-il endormi durant ses cours ? Trop, il ne les comptait plus maintenant. Une nouvelle fois sa sœur le tira des étoiles.
- Viens dormir au moins une heure Hélios… murmura la muse en se frottant les yeux, elle était fatiguée, elle mettait toujours son réveil à l’aube pour que son frère soit dans son lit quand leur mère venait les réveiller.
- J’arrive… dit-il en baillant avant de suivre sa jumelle à l’intérieur.
Il se glissa dans son lit, la tête plein de rêves encore. Il avait vu tellement de chose cette nuit-là ! Il s’endormit rapidement et eu beaucoup de mal à se réveiller lorsque sa mère vint les réveiller une heure et demie plus tard.
- Allez Hélios, dépêche toi tu vas être en retard, si tu loupes le bus je ne t’emmène pas cette fois-ci.
- Mhmm…, répondit le garçon en se levant et en se frottant les yeux. Il n’avait qu’une envie dormir, pourtant il se força à se lever s’habiller et descendre prendre un rapide petit déjeuner avant d’aller en cours.
Dans le bus, sa sœur discutait avec ses copines, lui avait enfoncé ses écouteurs dans ses oreilles et comptait bien grappiller quelques minutes de sommeil. Ce qu’il faisait chaque jour et ce matin-là ne dérogea pas à la règle, il dormit tout le long du chemin. Une fois arrivé à l’école, il alla dans sa classe, tel un automate bien réglé, entra en classe et s’assit dans le fond près des radiateurs. Il sorti son cahier et sa trousse et attendit que son prof arrive en somnolant à demi. Coup de chance ? Ce jour-là, le prof fut déclaré absent et il dormit une heure de plus. Il fut donc un peu moins fatigué qu’habituellement le soir venu. En rentrant, il fit rapidement ses devoirs avant de se replonger la tête dans les étoiles… Ce fut ainsi pendant des années.
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