Chapitre 10: Pleine lune

7 septembre 2016

Chapitre 10: Pleine lune

Plusieurs jours avaient passé depuis que Clio avait pris sa décision. Cependant, elle n'avait pas eu l'occasion d'en parler à sa mère. Nous étions samedi, les deux adolescents n'avaient pas cours, Peter était sorti faire des courses et Clio était chargée de s'occuper de leur mère. Profitant du fait qu'il faisait encore bon, elle poussa donc la chaise roulante de sa mère sur la terrasse à l'arrière de la maison.

- De quoi veux-tu me parler ma chérie ? dit sa mère, pas dupe pour deux sous au manège de sa fille.

- De papa, dit la jeune Muse en prenant une chaise et s'asseyant face à sa mère. Tu ne peux pas continuer comme ça maman, il te traite comme une chienne.

- Tu veux que je demande le divorce ? demanda Janice d'une voix tranquille.

Clio fut surprise mais finit par hocher la tête.

- Je ne peux pas, dit sa mère avec un triste sourire. Je ne peux pas car cela a été stipulé dans notre contrat de mariage, quels que soient les événements qui se passeraient, ni l'un ni l'autre ne pouvons demander le divorce, mais surtout même si je le voulais, je ne t'abandonnerais pas au main de ton père. Ton frère est assez grand pour se défendre et c'est un homme, ton père ne lui fera jamais de mal... Mais à toi, à toi il n'hésite pas à en faire, aussi bien mentalement que physiquement.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, dit Clio d'une voix neutre, et c'est pas très légal cette histoire de contrat.

- Cela se fait pour les gens comme ton père. Et tu sais très bien de quoi je parle. Je sais très bien ce qu'il te fait mon ange...

- Non. Il ne me fait rien maman, ne t'inquiète pas, dit Clio, voulant à tout prix cacher à sa mère que son père s'en prenait à elle.

Janice fixa sa fille, elle savait que son père la frappait et elle ne pouvait rien faire, elle était pieds et poings liés. Elle ne pouvait même plus prendre la défense de son enfant, Zeus ayant encore trop d'orgueil ou ne la trouvant plus digne de son intérêt maintenant qu'elle était infirme. Elle soupira doucement.

- Tu vas bien ? demanda Clio inquiète en voyant sa mère soupirer.

- Oui oui, ne t'en fais pas. Je suis juste un peu fatiguée... Tu voudrais bien m'apporter mes médicaments ? Je crois que j'ai oublié de les prendre...

- Bien sûr, je vais te les chercher, ne bouge pas, dit Clio en se levant et en disparaissant par la baie vitrée. Janice soupira. Sa fille était à la fois si forte mais en même temps si fragile... son père pourrait la briser si facilement, d'un simple geste... Mais elle avait l'intime intuition que cela ne serait pas aussi facile que Zeus le pensait. Qu'il se heurterait d'abord à une forte résistance avant de réussir à la briser complètement. Elle regarda le paysage, profitant de la vue dégagée qu'ils avaient sur la mer. Elle inspira, laissant l'air salin l'apaiser. Dire qu'elle ne pourrait jamais plus nager, pensa-t-elle soudain avec tristesse. Clio revint alors avec un verre d'eau et les anti-douleurs de sa mère.

- Tiens maman.

- Merci ma puce, dit la femme en prenant le verre et ses cachets.

Mère et fille restèrent un long moment sans rien dire, chacune plongée dans ses propres pensées.

Elles en furent tirées lorsque Peter arriva sur la terrasse disant :

- Ah ! Mais vous étiez là ! Je vous cherchais partout.

- Oui, on profite du soleil, dit la mère en souriant doucement.

Peter sourit et déposa un baiser sur la joue de sa mère avant de poser les mains sur le dossier du siège offrant son visage au soleil.

- C'est vrai que c'est agréable... murmura-t-il doucement.

Clio sourit légèrement, cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas passé du temps juste tous les trois, profitant de l'extérieur. La famille passa l'après-midi sur la terrasse profitant du soleil de printemps qui les réchauffait tous tranquillement.

Pour la première fois depuis des années, le frère et la sœur jouèrent ensemble. Peter rit doucement devant la maladresse de sa sœur. Elle ne savait toujours pas rattraper correctement un ballon. Elle était si adroite avec les mots mais n'était absolument pas à l'aise avec le sport ou même... les gens en général. En même temps il ne la comprenait que trop bien. Avec un père comme le leur, elle ne pouvait que être méfiante envers les inconnus, la preuve en était qu'au lycée elle n'avait aucun ami. Il renvoya la balle à sa sœur qui la manqua irrévocablement, et cette dernière soupira en secouant la tête en se penchant pour ramasser la balle tomber à terre avant de s'approcher de son frère et de la lui rendre.

- Je crois que c'est vraiment pas fait pour moi... dit-elle avec un pauvre petit sourire.

- Ne dit pas ça sœurette, tu y arriveras un jour ! dit Peter avec un sourire convaincu.

- Moui...

- Les enfants ? Vous voulez un peu de gâteaux ? demanda Janice en posant sur la table des beignets.

- Maman ! Il fallait m'appeler pour les sortir du four ! dit Clio.

- Ne t'en fais pas ma puce, je peux encore sortir des beignets du four. Allez venez les manger ils sont encore tout chauds.

Les deux adolescents s'installèrent à la table et goûtèrent avec leur mère comme durant leur enfance. Ils semblaient plutôt tous insouciants et cela leur fit à tous du bien, même Clio sembla se détendre. Elle semblait plus calme et sereine.

Soudain ils entendirent la porte claquer. Clio se leva d'un bond, presque paniquée. Zeus apparut à la porte de la terrasse. Un regard froid en se posa sur la jeune femme debout devant la table, avant de repartir sans rien dire. Clio commença à partir sans un mot

- Clio ! dit Peter. La jeune femme s'arrêta tournant la tête vers son frère semblant l'interroger du regard. Tu n'as pas à t'exiler de nous à chaque fois qu'il arrive.

- Je le dois.... sinon cela retombera sur vous, dit la jeune muse en rentrant dans la maison et montant jusque sa chambre. Du moins ce fut son intention.

- Le sous-sol, dit une voix qu'elle ne connaissait que trop bien.

Elle se raidit, respira à fond et changea de direction, empruntant la porte qui menait au sous-sol.

Cette nuit-là, c'était la pleine lune... et ce soir dans la maison, en plus des coups.. raisonna des cris et des bruits de chaînes, empêchant mère et fils de dormir. Comme à chaque fois que Zeus faisait descendre Clio dans le sous-sol. Comme à chaque fois que la jeune fille prenait des coups sans bruits. Le fait qu'elle crie, et les bruits de chaînes, les inquiétèrent au plus au point.

Posté par Mano-Hikari à 09:00 - Commentaires […] - Permalien [#]

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