Chapitre 9 : Teenagers, ton heure viendra...
Clio était enfermée depuis plusieurs jours maintenant. Dans le demi sous-sol de la maison, son seul visiteur était son frère. Enfin, quand il arrivait à se faufiler dans la pièce. Il avait grandi, il était devenu adolescent maintenant. Ce soir-là, il descendit avec des bandages, et à manger. La petite fille voulut se lever mais n'y arriva pas, trop faible.
- Reste tranquille... murmura son frère d'une voix triste. Il s'accroupit rapidement près de sa sœur et enleva le précédant bandage, imbibé de sang. Il récupéra les produits qu'il avait caché et nettoya la plaie.
- Elle est presque complètement cicatrisée, dit-il à sa petite sœur. La fillette ne répondit rien, laissant son frère la soigner et ne bougea pas d'un pouce tant qu'il n'avait pas terminé. Une fois cela fait, elle se recula doucement. Elle avait un peu peur de lui à présent. Elle lui en voulait, même s'il n'avait pas eu le choix...
- Clio... je suis désolé... répéta à nouveau son frère, je n'ai pas eu d'autres choix...
- Je... je sais, bégaya la gamine. Son frère finit par lui tendre ce qu'il avait réussi à piquer dans la cuisine, soit un bol de pâtes et... une part de son gâteau d'anniversaire. La fillette le remercia et mangea rapidement. Elle mourait de faim. Après avoir fini de manger elle rendit les assiettes à son frère qui les mit de côté.
- Comment te sens-tu Cio ?
- Bien, mentit-elle, je... suis juste fatiguée... ajouta-t-elle.
Son frère hocha la tête et se leva, il voulut l'enlacer mais en la voyant se raidir, abandonna l'idée. Il allait partir lorsqu'il dit :
- Maman rentre après-demain à la maison.... je pense que papa te fera sortir demain ou le jour même... je... te protégerai toujours d'accord ? Il regarda sa sœur mais cette dernière semblait déjà dormir. Il remonta, fermant rapidement la porte derrière lui.
Clio rouvrit les yeux et fixa le plafond depuis son lit de camp. Maman rentrait dans deux jours. Maman. Elle sentit les larmes lui venir aux yeux. Qui irait la chercher ? Elle n'avait pas eu le droit d'aller la voir, pas une seule fois. Peut-être qu'elle ne l'aimerait plus ? Après tout, c'était sa faute si elle ne pouvait plus utiliser ses jambes. Chassant ses idées noires, elle fit le vide dans son esprit, se concentrant uniquement sur son meilleur ami. Benjamin. Il avait été le seul à ses côtés durant tous ses jours.
Le surlendemain elle fut tirée du sommeil et par conséquent de son rêve avec Benjamin par la porte qui claquait en haut de l'escalier.
- Debout ! dit sèchement la voix de son père.
La fillette bondit sur ses pieds et rentra la tête dans ses épaules.
- Va prendre une douche et te préparer à partir. Ton frère et toi allez chercher votre mère à l’hôpital, dit sèchement Zeus.
Clio hocha la tête tandis que son père partait, elle monta quatre à quatre les marches et menant au rez de chaussée avant de monter à l'étage et d'aller dans la salle de bain.
Elle y découvrit son frère qui en serviette était en train de se brosser les dents. Il se rinça la bouche et regarda sa sœur.
- Comment tu te sens ?
- Bien, dit la jeune muse dans un murmure.
- Montre moi ta tête, dit Peter.
Clio s'approcha de son frère qui défit doucement le bandage autour de sa tête. Il sourit doucement.
- Ta tête semble aller beaucoup mieux Clio. Tu vas te doucher là ? La fillette hocha la tête. Tu veux de l'aide pour ta tête ?
- Non merci... murmura la jeune muse, se doutant parfaitement que ses cheveux seraient sûrement pleins de sang sécher.
Peter hésita avant de sortir. Clio se doucha, regardant distraitement l'eau se colorer de rouge puis devenir rose pâle au fur et à mesure que le sang disparaissaient de ses cheveux.
Après un quart d'heure passé à se laver, la jeune muse sortit de la salle de bain et alla rapidement s'habiller. Son frère toqua à la porte de sa chambre.
- Je peux entrer ? demanda-t-il de derrière la porte.
- Oui, répondit Clio
Peter entra dans la chambre et s'approcha de sa sœur. Il regarda sa tête et eu un sourire rassurant.
- La plaie s'est bien résorbée, tu n'auras même pas de cicatrice.
Clio hocha la tête, se forçant à sourire.
- Tu es prête à partir ? reprit son frère.
- Oui. C'est... papa qui nous emmène ? demanda la jeune muse d'une voix craintive.
- Non, moi. Papa travaille.
Clio en fut soulagée.
Quelques minutes plus tard, les deux enfants étaient dans la voiture, Peter conduisait prudemment, il n'avait eu son permis que depuis quelques jours.
- Comment ça se fait que tu aies déjà ton permis ? demanda Clio assez surprise.
- Papa... il m'a prit en conduite et l'auto-école m'a donné le permis dès la première leçon...
- D'accord...
Après quelques minutes de conduite, les deux adolescents arrivèrent devant l'hôpital. Leur mère était dehors, dans un fauteuil roulant. La petite Clio sauta au bas de la voiture et courut vers sa mère avant de se blottir sur ses genoux.
- Maman ! dit-elle passant ses bras autour de son cou.
- Ma chérie... dit Jana d'une voix fatiguée.
- Pardon maman.... pardon... dit la fillette
- Tu n'y es pour rien ma chérie... chut... ne t'excuse pas...
Jane serra sa fille dans ses bras, comprenant que ce mois n'avait pas dû être évident pour sa petite dernière. Peter s'approcha à son tour de sa mère, mal à l'aise.
- Bon anniversaire avec un peu de retard mon grand... dit Jane avec un sourire tandis que Clio quittait ses genoux pour permettre à son frère d'enlacer sa mère.
- Merci maman, dit le jeune homme, je vais m'occuper de signer tes papiers, je reviens.
- D'accord.
Après avoir rempli toutes les démarches administratives, Peter aida sa mère à s'installer dans la voiture, puis les reconduisit à la maison. Une fois là-bas, Jane fut un peu surprise, il y avait eu quelques travaux de fait pour faciliter ses déplacements dans la maison. Pour ne pas dire que la maison avait été complètement rasée et une beaucoup plus petite avait été construite. Elle ne pensait pas que Zeus y aurait pensé...
Les jours, les mois et les années se sont succédés. Le quotidien de la famille, enfin surtout des enfants, fut rythmé par la vie de leur mère, Peter dû aménager son emploi du temps entre ses cours du lycée, ses cours de magie avec son père, apprendre à sa sœur à maîtriser ses pouvoirs, mais aussi aider sa mère. Étant en fauteuil, beaucoup de choses avait changé dans le quotidien de Janice, elle ne pouvait plus cuisiner, les meubles n'étant pas adaptés à sa condition.
Pour Clio, ce fut un peu plus mouvementé disons. Ses journées, elle les passait avec anxiété, dans la peur que son père passe ses nerfs sur elle maintenant qu'il ne pouvait plus le faire sur sa mère. Mais elle pensait le mériter, elle se sentait coupable, coupable de la condition de sa mère. Elle préférait prendre les coups à la place de sa mère, à chaque fois qu'elle voyait son père lever la main sur sa mère elle s'interposait, prenant la gifle ou le coup à la place de Janice. Et ses nuits étaient rythmées par ses jeux et les paroles rassurantes de Ben. Enfin, rassurante à sa manière, le jeune homme ne semblait pas toujours très à l'aise avec les paroles réconfortantes.
Ce soir, c'était l'anniversaire de la jeune Muse. Son frère avait cuisiné avec l'aide de leur mère le gâteau préféré de la jeune fille. Leur père était comme toujours aux abonnés absents, sûrement avec l'une de ses conquêtes. Plus le temps passait, moins il ne prenait la peine de faire semblant, de jouer le jeu de la famille parfaite en dehors de leurs apparitions en public. Le frère et la mère chantèrent pour l'anniversaire de Clio qui souffla ses bougies sous leurs yeux, un léger sourire sur les lèvres. 16 ans.
La voilà adolescente à présent, le temps était passé vite, bien trop vite au goût de Janice qui n'avait pas eu l'impression de voir sa fille grandir, ou a contrario de la voir grandir trop vite. Elle avait ce regard triste et morose qu'on les personnes qui ne croient plus en la vie, au bonheur. Mais très vite, cette impression disparut aussi vite qu'elle était venue, remplacée par un sourire radieux. Janice en fut rassurée, et elle et son aîné offrirent son cadeau à la jeune femme. Un ordinateur flambant neuf.
Clio serra longuement son frère puis sa mère dans ses bras, les remerciant chaleureusement pour ce cadeau. Son vieil ordinateur avait rendu l'âme quelques jours plus tôt et elle était ravie d'en avoir un nouveau. Clio coupa son gâteau puis tout le monde en mangea une part, sans beaucoup discuter mais dans un silence presque réconfortant comme souvent lorsque le père de la famille était absent.
Le soir venu, Clio se coucha espérant qu'elle allait pouvoir raconer sa journée mais surtout sa soirée à son meilleur ami. Malheureusement, elle ne rêva pas de lui. Elle ne rêva pas du tout d'ailleurs. Et en se réveillant le lendemain elle en fut profondément triste. Elle avait comme l'impression qu'on lui avait arraché quelque chose, une partie d'elle-même. Elle fixa le plafond avant de se lever de se préparer pour son entrée au lycée. Elle rejoignit son frère dans le bus. Ce dernier voulut engager la conversation mais en voyant sa sœur poser la tête contre la vitre et fermer les yeux. Il ne la réveilla que quand ils furent devant le bâtiment scolaire.
La jeune Muse passa sa journée seule, son frère étant dans des classes plus élevés, logique puisqu'il était son aîné. Elle soupira de soulagement lorsque sa journée se termina et qu'elle put enfin reprendre le bus pour rentrer chez elle.
Une fois chez elle, elle monta directement dans sa chambre et se mit sur ses devoirs avant d'inaugurer son nouvel ordinateur. Elle écrivit, racontant sa journée comme elle la raconterait à Benjamin. Elle avait l'intime intuition qu'elle ne le reverrait plus dans ses rêves. Alors elle écrivit, couchant sur le papier tous les sentiments qui se bousculaient dans son cœur, toutes pensées qui lui écrasaient la tête. Elle écrivit des heures durant, ne voyant pas le temps passer, c'est son frère qui la fit sortir de sa frénésie en venant lui dire de manger. La jeune muse sauvegarda son travail avant d'éteindre son ordinateur et de descendre dans la salle à manger.
Elle se figea en voyant son père à table. Elle s'installa cependant composant sur son visage une expression neutre comme elle avait appris à le faire durant ces dernières années. Elle mangea en silence lorsque son père lui adressa la parole.
- Tu descendras au sous-sol ce soir.
- Bien père, dit la jeune muse en cachant un tressaillement. Cela allait être sa fête ce soir.... Elle se força à respirer et manger doucement, masquant la peur qui commençait à lui tordre les entrailles. Que lui voulait-il ? Qu'allait-il lui faire ?
Après le repas, Clio descendit au sous-sol, seule. Elle attendit de longues minutes, essayant de réprimer les souvenirs qui revenait à sa mémoire, toutes ses fois où durant les dernières années son père l'avait fait descendre pour la battre à sang, jusqu'à ce qu'elle perde connaissance. Parfois, elle n'allait pas à l'école durant plusieurs semaines sans que personne ne s'en inquiète. En même temps qui s’inquiéterait pour elle ? Elle n'avait aucun ami en dehors de Benjamin. Après un temps qui lui parut infini, la porte s'ouvrir enfin et elle entendit le pas lourd de son père descendre les escaliers, faisant grincer les marches du vieil escaliers. Elle respira, maîtrisant la panique qui montait en elle.
- Montre moi tes pouvoirs, dit Zeus d'une voix froide en se plantant devant elle en croisant les doigts.
- Pardon ? dit-elle surprise avant de se raidir et de se reprendre, je... oui. Que voulez-vous voir ?
- Je préfère ça, dit-il en la fixant d'un regard mauvais. Montre moi tout ce que tu sais faire. Ce que ton frère t'a appris.
Clio se raidit, elle pensait que son père n'était pas au courant de ça. Mais apparemment si. Elle respira faisant le vide dans son esprit. Puis elle se concentra et fit tout ce que son frère lui avait appris. Elle déplaça des objets dans la pièce, en fit apparaître certains, enfin, elle déplaça des objets déjà existants dans la maison, créa des boules d'énergie, mais surtout, se concentra et dit les différentes pensées qui traversait la tête de son père. Chose que même son frère n'arrivait à faire, et qui la désignait irrévocablement comme la Muse.
Zeus fixa sa fille. Elle était puissante. Très puissante, bien plus que son frère, presque autant que lui lorsqu'il était un dieu. Il serra les poings, énervé. Cette petite écervelée n'avait même pas conscience de tout son potentiel ! Il la gifla, une première fois, une seconde avant de passer aux coups de poing. Elle ne broncha pas, cela faisait bien longtemps qu'elle ne disait plus rien. Il sentit les côtes de la jeune adolescente ployer sous son poing, d'une simple pression il pourrait les briser. Mais il ne le fit pas, il la battit, la marquant uniquement là où personne ne le verrait sauf elle. Il la battit durant une bonne partie de la nuit avant de l'envoyer se coucher. La jeune muse remonta rapidement et alla jusque sa chambre dans laquelle elle s'enferma se laissant glisser contre la porte.
Pendant un instant, elle avait cru que son père la formerait, mais, le fait d'avoir vu ses pouvoirs semblait l'avoir encore plus énervé. Elle sentit les larmes rouler sur ses joues. Elle abandonna, elle abandonna cette petite fille qui rêvait encore de voir son père l'aimer, elle l'enferma dans le plus profond de son être, l'étouffant. Elle ne voulait plus espérer, elle ne voulait plus que son père ait une telle emprise sur elle. Elle se releva et ferma les yeux, inspirant profondément. Elle ne pouvait pas se rebeller contre son père. Pas tant que sa mère ne serait pas en sécurité, impossible. Elle devait d'abord mettre sa mère en sécurité avant de pouvoir se rebeller contre son père, et pour cela, elle devait convaincre sa mère. La convaincre de divorcer de Zeus. Une fois qu'elle serait partie, qu'il ne pourrait plus s'en pendre à elle, et elle-même pourrait tout faire pour échapper à son emprise. C'est sur cette décision que la jeune muse passa à la salle de bain, et soigna ses plaies avant d'aller dormir. Ou tout du moins... essayer.
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