Chapitre 25: Lune de miel
Quelques jours plus tard, Benjamin et Clio discutaient avec Bonnie, la plus jeune fille de la famille Pudding, assis à une table en terrasse en ville.
- Alors, quels sont vos projets maintenant ? demanda la blonde en sirotant son cocktail.
- Et bien… J’aimerais voyager encore un peu avant que nous ne reprenions chacun nos activités, dit Clio en souriant.
- Oh ! Vous aimeriez aller où ? demanda la jeune femme en souriant.
- On aimerait retourner en Chine, répondit Benjamin.
- En Chine ? dit sa sœur surprise, elle avait du mal à imaginer que son frère ait autant bougé durant ces quatre années. Il était allé d’abord à Monte Vista pour son travail, y avait rencontré celle qui était aujourd’hui sa femme et… Avait voyagé aux quatre coins du monde. En Egypte, en France et en Chine avant de visiter la région d’Alpine Country qu’ils habitaient maintenant, et vous faites quoi dans la vie à part voyager ? demanda la jeune femme, tu travailles toujours au département des sciences Ben ? questionna-t-elle.
- Et bien… Oui, même si je bosse d’autres projets à côté…
- Comment ça ? demanda Bonnie curieuse.
- Je mets en jeu les histoires de Clio.
Bonnie regarda son frère surpris
- Tu es devenu concepteur de jeu vidéo ?
- Pas vraiment, je fais tout avec RPG Maker, c’est pas compliqué, bien souvent tout est déjà pré-créé et lorsqu’il en manque… Et bien Clio les dessine.
- Wahou, donc tu es auteure ? demanda la jeune femme à sa belle-sœur
- En quelque sorte, je ne suis pas encore très connue.
- Tu as écris quoi ?
- Surtout des histoires mettant en scène des personnages mythologiques grecs, ou parlant des Dieux Olympiens.
- Vous faites vraiment une fixette dans ta famille sur la Grèce j’ai l’impression… Ton père s’appelait Zeus, ton oncle Hadès si j’ai bien entendu et sa femme Perséphone c’est ça ? C’est plutôt marrant.
- Nous sommes des passionnés, dit Clio en haussant les épaules, elle n’allait certainement pas lui révéler que ces personnes étaient les véritables déesses et dieux olympiens, elle ne l’accepterait pas.
- Et toi qu’est-ce que tu fais ? demanda son frère curieux, tu as bien changé depuis que je suis parti, tu as rencontré quelqu’un ?
- Et bien… Tu sais que je suis devenue l’héritière de maman, sauf que moi je m’en fichais comme de l’an quarante, du coup je suis partie aussi. Un peu après toi, je suis loin de la maison mais toujours à Barnacle Bay, je travaille à l’école primaire, je suis animatrice. Elle se tut, un léger sourire sur les lèvres, j’y ai rencontré mon petit ami, c’est le papa d’un des petits que j’ai.
- Comment s’appelle-t-il ? demanda Clio curieuse.
- Erik, on ensemble depuis… un an et demi je crois…
- Pourquoi n’es-tu pas venue avec eux ? demanda son frère curieux.
- Il travaillait et ne pouvait pas se libérer, il aurait été ravi de te rencontrer, je crois que vous vous seriez bien entendus, tu sais.
- Ah oui ?
Bonnie hocha la tête tout en aspirant un peu de son cocktail à l’aide de sa paille puis reprit.
- Et vous ? Maintenant que vous êtes mariés vous allez vouloir fonder votre propre famille non ?
- Et bien… On va essayer, dit Benjamin en jetant un coup d’œil à Clio qui s’était un peu assombrie. Il prit sa main, la serrant doucement.
- Oh, j’ai dit quelque chose qui ne fallait pas ? s’inquiéta la jeune femme.
- J’ai eu plusieurs accidents enfant, dit Clio, et… Ça m’a rendue partiellement stérile… Je dois suivre un traitement strict pour contrecarrer ça et… Je ne suis pas sûre de pouvoir avoir un jour des enfants, dit-elle finalement avec un moment de silence.
- Oh… Vous pourrez toujours adopter si jamais cela ne marche pas, dit la jeune femme avec un sourire compatissant. Clio hocha la tête mais n’y croyait pas vraiment, les démarches d’adoption étaient longues et fastidieuses et leur situation ne jouait pas en leur faveur : seul Benjamin avait un emploi stable, elle était considérée comme non-travailleuse et avait sa mère à charge dont les frais médicaux engloutissaient rapidement leurs économies. S’ils avaient pu avoir un mariage aussi grandiose c’était grâce à la vente de leur ancienne maison et une vie beaucoup moins chère ici. Elle inspira profondément. Tout irait bien, le traitement marcherait et elle tomberait enceinte.
- Bacchus me manque parfois tu sais, disait Bonnie lorsqu’elle raccrocha la conversation.
- Je me doute… Tu t’entendais bien avec lui…
- Bien est un grand mot, mais je n’étais pas forcément invisible à ses yeux… Tu sais que je suis la seule avec papa a avoir pleuré ?
- Sérieusement ?! dit Benjamin choqué, certes il n’avait pas été proche de son frère, mais quand sa sœur lui avait annoncé sa mort… Il avait pleuré. Il regrettait de ne pas avoir pris plus de nouvelles, de ne pas avoir essayé de se rapprocher de lui. Il secoua la tête, écoutant sa sœur. Elle semblait avoir besoin de parler. Comme si elle ne pouvait partager avec personne ce manque qu’elle avait de son frère.
- Maman disait qu’il ne méritait pas nos larmes, qu’il l’avait bien cherché et qu’il n’avait pas à se droguer… Mais c’est en partie à cause d’elle qu’il a tourné comme ça, dit Bonnie avec aigreur.
- Tu sais comment elle est… On ne peut pas dire que la fibre maternelle l’étouffe, répondit Benjamin.
- Oui… c’est triste à dire, soupira Bonnie.
Clio les regarda, elle était au courant de l’histoire, leur frère était mort d’une overdose dans sa chambre universitaire. Il enchainait les plaisirs, les fêtes, se comportait comme un véritable dépravé. Elle avait compris qu’il faisait ça pour essayer de masquer quelque chose, surement ce manque d’amour de la part de leur mère, jusqu’au jour fatidique où le mélange alcool et drogue fut plus élevé que d’habitude. Il avait été retrouvé mort sur son lit par son colocataire.
L’après-midi touchait à sa fin et ils raccompagnèrent Bonnie jusqu’à l’hôtel.
- A quelle heure est votre avion demain ? demanda Benjamin
- Treize heure trente.
- On viendra vous chercher à dix heures, c’est bon pour vous ?
- Pas de soucis, je fais passer le mot, à demain, dit la jeune femme avant de rentrer dans l’hôtel.
Avoir passé du temps avec sa sœur avait fait un bien fou à Benjamin, il allait partir lorsqu’une voix l’appela.
- Benjamin ?
- Beck ? dit celui-ci en se retournant vers son jumeau.
- Je… On peut parler ? Seul à seul ?
- Oui… oui bien sûr, dit-il après avoir jeté un coup d’œil à son épouse qui lui avait fait un sourire encourageant.
Les deux hommes s’éloignèrent un moment et discutèrent. Beck s’excusait de son comportement durant leur enfance, qu’il aurait dû être plus présent pour son frère, ne pas se laisser intimider par Bram. Essayer de s’interposer quand il s’en prenait à lui. Benjamin l’écouta un long moment avant de finalement dire qu’il ne lui en voulait plus. Qu’ils étaient des enfants à l’époque et que contre un garçon comme leur frère aîné il n’aurait rien pu faire. Beck hocha la tête, soulagé. Benjamin le regarda, indécis. Il ne savait pas vraiment quoi dire de plus, même s’il se méfiait toujours un peu, son jumeau n’était pas des plus intelligents, de même que ses autres frères et sœurs, Bonnie exceptée, ils se ressemblaient plus. Il lui sourit puis lui donna une tape amicale sur l’épaule avant de retourner vers Clio.
Le lendemain, ils raccompagnèrent la famille de Benjamin à l’aéroport et les regardèrent partir avant de rentrer eux-mêmes chez eux. Ce fut un peu l’euphorie lorsqu’ils rentrèrent. Peter et Wendy avait été à la première échographie et revenait avec des clichés du petit fœtus. Ils discutèrent un long moment tous ensemble avant de finalement prendre congés les uns des autres. Wendy regarda Clio partir un peu gênée, elle savait que c’était dur pour la jeune femme qui vivait dans l’incertitude. Et si elle n’arrivait pas à avoir d’enfants du tout ? Elle regarda Peter qui l’enlaça.
- Ne t’en fais pas, lui dit-il, elle n’est pas jalouse si c’est ça qui t’inquiète, dit-il en lui caressant la joue.
- Non, ce n’est pas ça, j’ai peur pour elle. Je sais qu’elle voudrait avoir des enfants… Et je sais aussi qu’avec ton père… Il a réduit ses chances.
- Je sais, mais elle est suivie pour ça, elle a un traitement. Et ça va marcher, il faut qu’on y croie, pour elle. Pour eux. Et il faut aussi penser à nous Wendy, on a le droit d’être égoïstes, dit-il en embrassant sa tempe.
Dans la chambre de Benjamin et Clio l’ambiance était toute autre, ils étaient tous les deux penchés sur l’ordinateur.
- Tu es sûr de vouloir retourner en Chine ? lui demanda Clio.
- Certain, j’avais adoré la première fois et puis, nous pourrons plus profiter cette fois-ci, la dernière fois nous n’avons pas pu rester très longtemps.
- C’est vrai, Clio valida leur commande. Ils partaient dans trois jours pour une semaine de vacances en Chine.
La jeune femme sourit et regarda son époux avant de prendre son visage entre ses mains et de baisser son visage vers elle, elle articula un « je t’aime » avant de l’embrasser.
Les trois jours passèrent à toute allure, Ben et Clio préparèrent leurs bagages, vérifièrent leurs passeports et leurs visas avant de finalement prendre l’avion tôt dans la matinée. Ils arrivèrent enfin après plusieurs heures de vol. Ils se rendirent à leur hôtel. Ils avaient réservé une petite chambre dans un hôtel. Ils déposèrent leurs valises et filèrent dans les rues de la petite ville dans laquelle ils passèrent leurs noces.
Ils se dirigèrent vers le temple, la jeune femme avait toujours été attirée par l’histoire des lieux de cultes, et elle aimait se renseigner, discuter avec les prêtres et les moines présents sur les lieux. Ce jour-là cependant, elle flâna juste dans les allées du temple accompagnée par Benjamin, elle respira les odeurs des différents encens qui embaumaient l’air et sourit. De toutes les cultures, elle aimait celle de l’Asie, leur force tranquille avait toujours réussi à l’apaiser, elle s’était promis qu’elle irait faire le tour du monde un jour, et durant les quatre années avant qu’ils ne se marient Benjamin et elle… Ils avaient véritablement fait le tour du monde. Et, il avait eu le même désir quelques années plus tard, retournée en Asie. Ils marchèrent dans le temple jusqu’à aboutir à une salle d’entrainement. Benjamin fut surpris, mais la jeune femme sourit, elle s’y attendait. Les temples étaient réputés pour abriter des écoles d’art martiaux. Un maître s’approcha d’eux et ils le saluèrent selon la coutume.
- Il est rare de voir des occidentaux nous saluer selon nos traditions, dit le vieil homme avec un sourire.
- C’est bien la moindre des choses, dit la jeune femme.
- Voulez-vous apprendre ? proposa le vieil homme en voyant le regard intéressé de Benjamin.
- Si cela ne vous gêne pas, dit le jeune homme.
- Venez avec moi, je vais vous donner des tenues plus adéquates.
Le couple suivit le vieil homme qui les entraina dans un vestiaire sombre dans lequel ils enfilèrent un kimono d’entrainement. Puis il les emmena dans la cour et leur montra les différents mouvements de base. Avec maladresse, Clio et Benjamin répétèrent alors des heures durant les mouvements de base jusqu’à ce qu’ils deviennent fluides et naturels. Puis un homme plus jeune vint leur montrer différents mouvements de défenses et d’attaques. Le couple s’entraina alors sur les petits hommes de bois jusqu’à en avoir mal partout. Là, le vieil homme revint les voir et leur offrit une tasse de thé.
- Merci, dit Clio en prenant la tasse entre ses doigts, appréciant la chaleur de celle-ci. Ces doigts étaient anquilosés comme après une longue séance d’écriture. Elle sourit et but une gorgée, qu’est-ce que c’est comme thé ? demanda-t-elle curieuse.
- Litchi, jasmin et feuille de rose, répondit le vieil homme en souriant.
- Merci pour ce thé, dit-elle en finissant le thé avant de lui rendre la tasse tandis que Benjamin faisait de même.
- Allez-vous étirer avec les autres, revenez demain si vous le voulez. Tôt le matin, ainsi vous aurez le reste de votre journée pour en profiter.
- Avec plaisir, répondit Benjamin.
Après une séance rapide d’étirements, ils remirent leurs vêtements de ville puis allèrent se promener dans le centre-ville.
Ils mangèrent dans un petit restaurant typique, dégustant des plats traditionnels et buvant un thé noir. Lorsque la nuit tomba, Benjamin entraina Clio sur les hauteurs de la ville, ils regardèrent le lever de la lune, tendrement enlacés.
- Tu savais que la lune avait une place importante dans de nombreux cultes ? demanda la jeune femme.
- Non. Raconte-moi.
- Et bien, la pleine lune est bien souvent synonyme de fécondité, surtout lorsqu’elle est pleine comme ce soir, elle agit sur les corps en leur donnant vigueur et fougue. Elle est vue comme une protectrice aussi, lorsqu’elle est pleine, elle veillera avec bienveillance sur tous. Lorsqu’elle est noire, et qu’un enfant nait sous cette lune, il est souvent vu comme portant le mauvais œil avec lui, il ferait de grande chose mais pas forcément bénéfique pour la terre. Elle se tut alors, sentant la montée caractéristique de pouvoir en elle. Elle ferma les yeux et sentit Benjamin resserrer son étreinte.
- Tu vas bien ?
- Oui. Je sais les gérer maintenant.
Ils restèrent un moment ainsi sous la lune avant que Benjamin ne chuchote à son oreille.
- Et si nous allions tester les pouvoirs de la lune ?
- Comment ça ? dit Clio en levant ses yeux brillants de pouvoirs vers lui.
- Tu sais bien que je suis incapable de te résister lorsque tu es comme ça…, dit-il avant de l’embrasser. Pour toute réponse, Clio l’embrassa passionnément avant de le laisser la porter jusqu’à leur hôtel où ils s’enfermèrent jusqu’au petit matin.
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