Chapitre 27: Naissance
Les mois avançaient à la fois lentement mais rapidement. Le ventre de Wendy grossissait de plus en plus à mesure que l’hiver approchait. La jeune femme avait arrêté de travailler pour la fin de sa grossesse même si elle n’avait pas voulu, son compagnon l’avait convaincue tout comme son patron. Ce dernier l’avait retrouvée assise dans la remise en train de faire un malaise, il avait eu le bon réflexe et appeler les urgences avant de l’enguirlander en lui disant qu’il fallait qu’elle se repose. Il lui avait interdit de revenir travailler avant la naissance du bébé. Wendy passait donc ses journées en compagnie de sa belle-mère et de sa belle-sœur, toutes deux étaient aux petits soins pour la blonde et répondaient à la moindre de ses envies. Quelques jours plus tôt, lors d’un des jours de congés de Peter, le couple avait été acheter ce qu’il leur faudrait pour leur bébé. De la peinture pour peindre les murs, les meubles, quelques peluches, avaient envahi l’une des pièces qui servait de chambre d’ami pour devenir une véritable chambre pour bébé. Wendy était assise dans le rocking-chair, regardant la pièce une main posée sur son ventre. Le petit lui donnait de plus en plus de coups, comme s’il était impatient de sortir de là. Elle se leva pour gagner le salon. Elle avait froid, et le feu qui ronflait dans la cheminée en cette fin d’automne arriverait surement à la réchauffer. Elle descendit avec lenteur les marches menant à l’étage, elle avait toujours peur de tomber depuis qu’elle était enceinte. Fort heureusement, ses pieds ne lui firent pas défaut et elle put aller dans le canapé du salon sans encombres.
Assise dans le canapé, elle caressait son ventre. Le bébé semblait énervé et ne voulait pas se calmer. Elle se mit à chantonner alors à mi-voix tout en caressant son ventre, une vieille berceuse que sa grand-mère lui chantait enfant. L’effet fut presque immédiat. Elle sentit son bébé se calmer. Plus de coup, comme s’il écoutait attentivement ce que sa mère lui chantait. Elle chanta ainsi un long moment, si long moment qu’elle ne se rendit pas compte que sa belle-sœur était entrée dans la pièce se demandant si elle ne rêvait pas. Wendy adorait chanter, elle chantait comme elle respirait dirait certains mais sa voix avait surtout la capacité d’ensorceler… Elle était pure, claire et infiniment douce. Lorsque Wendy termina de chanter, Clio applaudit doucement, ce qui eut pour mérite de faire sursauter la jeune femme.
- Tu as vraiment une voix magnifique dit-elle
- Je… Merci, rougit la blonde, le bébé… ne se calme qu’en m’entendant chanter… murmure-t-elle.
- Je le comprends, tu as le don d’apaiser par ton chant. Clio s’assit près de Wendy en souriant et ajouta, il s’excite de plus en plus non ?
- Oui, on voit que le terme est pour bientôt.
- Dans combien de temps déjà ?
- Trois semaines normalement, peut-être un peu plus tôt.
Et ces trois semaines passèrent très vite. Au beau milieu de la nuit, Wendy se réveilla en sursauta prise de contractions.
- Peter ! dit-elle en se tenant le ventre, le bébé !
Peter qui n’était pas encore couché et allait se changer eut vite fait de renfiler sa veste. Il aida sa femme à se couvrir avant de l’aider à aller dans la voiture portant le sac de son épouse de l’autre.
- Respire à fond…, lui dit le futur papa en essayant de ne pas paniquer. Il avait certes été avec son épouse aux cours prénataux, où on leur apprenait les bons gestes, la respiration que les femmes devaient avoir mais… Rien ne l’avait préparé au fait que son épouse souffrirait autant ! Elle se tenait le ventre en gémissant. Il conduisit rapidement jusqu’à l’hôpital. Alors qu’ils arrivaient à l’accueil et que du monde se précipitait pour les aider, son épouse perdit les eaux devant les infirmiers. Ils la firent alors s’asseoir dans un siège et la descendirent en salle. Peter les suivit tout en envoyant rapidement un sms à sa sœur pour leur dire que Wendy et lui étaient à la maternité.
L’accouchement dura près de dix heures. C’est au moment même où les premiers flocons tombèrent sur la ville que le bébé poussa son premier cri. Le médecin sourit aux heureux parents de derrière son masque, avant de dire en leur amenant leur bébé.
- C’est un magnifique petit garçon.
Wendy prit son fils dans ses bras, le posant sur son sein.
- Il est si petit… murmura-t-elle d’une voix fatiguée, à la fois surprise et heureuse, elle posa avec délicatesse une main contre le dos du bébé qui instantanément arrêta de gémir. Peter se pencha vers sa femme déposant un baiser sur son front.
- Il est magnifique mon amour… dit-il en regardant avec adoration son fils.
- Comment voulez-vous l’appeler ? demanda le médecin en chef.
Le couple se jeta un bref coup d’œil avant que Peter ne dise :
- Flynn, répondit Peter avec un souire.
Le médecin le nota tandis qu’un des infirmiers proposait :
- Nous allons le laver, vous voulez venir avec nous Monsieur Alpha ?
Il jeta un coup d’œil à son épouse qui lui fit signe d’y aller. Il suivit donc les médecins dans la salle à l’arrière et les aida à le laver puis les regarda le mesurer le peser, vérifier ses réflexes avant de l’envelopper dans un linge tiède et de le rendre à son père en déclarant que le bébé était en parfaite santé.
Peter sourit avant de suivre son épouse, ou plutôt le lit dans lequel son épouse était allongée jusqu’à la chambre qu’on leur avait attribué. Une fois dans leur chambre, il déposa le bébé dans un berceau qu’on avait mis à leur disposition et le rapprocha du lit de son épouse. Il le regarda un moment avant de dire
- Repose-toi mon ange, je vais passer un coup de fil à ma sœur.
Wendy hocha la tête et ferma les yeux, elle était épuisée mais la contemplation de son fils la mettait dans une sorte de transe dont elle avait bien du mal à se sortir. Elle sentit Peter l’embrasser sur le front et la porte se refermer avec un léger bruit mais elle sombrait déjà dans un demi sommeil.
Dans le couloir, Peter composa le numéro de sa sœur, elle répondit à peine la première tonalité passée.
- Alors ? demanda cette dernière, il entendait l’inquiétude et l’impatience mêlée dans sa voix.
- Tout s’est bien passé… C’est un magnifique petit garçon, nous l’avons appelé Flynn.
- Vraiment, Flynn ?
- Oui, je sais comme ton personnage masculin préféré dans Raiponce.
Il l’entendit rire à travers le combiné et retransmettre la nouvelle, surement à leur mère et à Benjamin. Il sourit, son cœur faisait toujours un bond lorsqu’il voyait sa sœur rire et sourire. Il avait eu tellement peur qu’elle ait oublié comment être heureuse !
- Quand pourrons-nous passer vous voir ? demanda sa sœur
- Pas tout de suite, peut-être en début d’après-midi ou fin de journée, je vais rentrer prendre une douche et laisser Wendy se reposer, elle est épuisée.
- D’accord, on repartira en même temps que toi alors, à tout à l’heure, dit Clio en raccrochant.
Peter rejoignit Wendy et la vit dormir à poings fermés, il sourit. Il lui laissa un mot et rentra chez lui non sans avoir pris une photo de leur petite merveille.
Une fois à la maison il fut assailli de question tant de la part de sa mère que de sa sœur. Il leur montra la photo qu’il avait pris de Flynn et sa mère s’extasia sur ce petit cliché. Il réussit ainsi à s’éclipser le temps de prendre une douche. Le temps passa rapidement, ils mangèrent un morceau avant de retourner en milieu d’après-midi à la maternité. Clio et Benjamin arrivèrent un peu après, ils avaient été acheter leur dernier cadeau pour la naissance du bébé. Lorsqu’ils entrèrent dans la chambre, Janice portait le petit Flynn qui s’était éveillé dans ses bras. Wendy la regardait avec un sourire doux depuis le confort tout relatif de son lit d’hôpital. Elle était fatiguée mais infiniment heureuse. Ben et Clio leur donnèrent les deux sacs. Le couple les ouvrit et découvrir, un pyjama, une peluche que Peter déposa dans le lit du bébé, et un album qui venait de la part de leur mère pour mettre des photos de leur enfant. Ils les remercièrent chaleureusement. Puis le petit Flynn se mit à pleurer.
- Je crois que ton fils à faim, dit Janice avec un sourire. Elle tendit le bébé à son père qui le prit dans ses bras avant de le remettre à sa mère, nous allons vous laisser, on reviendra vous voir plus tard, dit la vieille femme. Ils sortirent de la chambre, laissant les parents et leur premier enfant. Wendy l’allaitait, et le premier allaitement était un lien qui se formait entre la mère et son enfant.
Plusieurs jours plus tard, Wendy et son fils avaient intégré la maison. Le petit ne faisait pas encore ses nuits et se réveillait souvent. Peter avait convaincu Wendy de tirer son lait pour qu’il puisse la seconder, ainsi, il se levait autant que son épouse pour s’occuper de leur fils. Ce matin-là, Peter partit au travail en souriant. Il embrassa sa femme et son fils avant de partir le sourire aux lèvres. Benjamin se levait à peine et le salua d’un signe de la main avant de se diriger vers la cafetière pour se prendre un café.
- Pas trop fatigué ? demanda-t-il à l’adresse de Wendy.
- Un peu mais ça va aller, je ferai la sieste en même temps que lui, j’ai le même rythme de sommeil qu’un bébé dit-elle avec un rire avant de déposer son fils dans le transat pour pouvoir déjeuner à son tour. Ils discutèrent de peu de choses, les conversations de la famille étaient centrées autour du bébé.
- J’y pense, je vais faire des courses tout à l’heure avec Clio, tu as besoin de quelque chose ?
- De couches si vous pouvez en reprendre, du tact et des lingettes, si vous pouvez sinon je dirai à Peter d’en prendre en sortant du travail.
- Non, non, ne t’en fais pas. On va prendre ça, ce n’est pas comme si c’était pas notre neveu, dit-il en riant. Il débarrassa la table du petit-déjeuner surpris de ne pas voir Clio être descendu prendre le petit-déjeuner avec eux. C’était un moment qu’elle n’aimait pas louper, elle était complètement gaga de son neveu et adorait lui faire des grimaces lorsque ce dernier la regardait, surtout au moment du petit déjeuner où le bébé était en pleine forme. Le petit ne semblait d’ailleurs pas en reste, malgré son jeune âge, il suivait des yeux chaque membre de la famille qui passait près de lui jusqu’à ce qu’il ne les voie plus. Clio était l’une des personnes qu’il adorait suivre allez savoir pourquoi.
Il monta dans leur chambre et fut inquiet de ne pas la trouver. Il alla voir dans la nurserie, elle n’y était pas non plus, il redescendit pensant l’avoir manquée.
- Tu n’as pas vu Clio ? demanda-t-il à Wendy qui s’était installée dans le canapé avec son fils.
- Non, pourquoi ?
- Rien, rien, je la cherche et elle n’est pas dans notre chambre.
- Elle est peut-être avec Janice ?
- Je vais aller voir.
Il se rendit dans la chambre de sa belle-mère, toqua doucement à la porte et n’ayant pas de réponse l’entrouvrit. Les lumières étaient éteintes et le souffle de la vieille femme endormie emplissait la pièce, il referma donc dernière lui et jeta un œil dans le jardin. Il remonta et fouilla toutes les pièces une à une. Finalement il la découvrit dans la salle de bain attenante à leur chambre. Assise par terre, elle regardait ses mains comme si elles lui étaient étrangères.
Inquiet, Benjamin se précipita vers elle et la découvrit en pleurs.
- Clio ? Ma chérie ? Tu vas bien ? Tu es blessée ? demanda-t-il tout en cherchant des marques de blessures sur elle, n’en découvrant aucune il fut à demi-soulagé. Pourquoi pleurait-elle ? Il prit son visage entre ses mains et la regarda, tout en répétant son prénom. Il ne comprenait pas, lorsqu’il l’avait laissée dans leur chambre elle se réveillait en lui disant qu’elle allait le rejoindre. Elle avait le sourire, comme ceux qu’elle faisait lorsqu’elle avait bien dormi ou bien écrit. Il ne comprenait pas comment elle était arrivée à se retrouver prostrée dans la salle de bain à pleurer.
- S’il te plait, ma chérie… Réponds-moi, tu as mal quelque part ? Dis-moi, je ne peux pas t’aider si tu ne me parle pas…
Clio leva la tête vers lui, il s’était mépris. Elle n’était pas paniquée. Elle ne semblait pas croire en quelque chose, comme si un miracle venait de se produire. Elle posa ses mains sur le visage de Benjamin qui s’apaisa aussitôt. Un mince sourire ourla alors ses lèvres. Elle n’y croyait pas elle-même. C’était tôt, beaucoup trop tôt. Elle ne prenait pas son traitement depuis assez longtemps pour qu’il ait fait effet aussi rapidement pourtant… Pourtant elle voulait y croire ! Elle avait besoin d’y croire. Elle murmura alors,
- Je… je crois que je suis enceinte, des larmes envahir à nouveau ses yeux. Elle avait peur, elle savait aussi qu’elle ne devrait pas se réjouir aussi vite, qu’elle devait aller faire les tests, d’abord celui vendu en pharmacie, puis la prise de sang pour être certaine qu’il n’y avait pas d’erreur. Elle s’en voulait de se réjouir ainsi, elle savait que si elle n’était pas vraiment enceinte, elle serait dévastée mais… Elle voulait y croire.
Benjamin la serra contre lui, murmurant,
- Tu… tu en es sûre ?
- Non… mais j’ai trois semaines de retard… Je… J’ai pris rendez-vous à l’hôpital pour faire une prise de sang demain dans la matinée, on devrait en savoir plus dans la semaine. Benjamin la serra plus fort contre lui. Il savait que cela lui tenait à cœur. Avant de le rencontrer, elle ne pensait pas qu’elle tomberait amoureuse et se marierait. Elle avait abandonné ce rêve dès sa plus tendre enfance face à ce père sans cœur qui la battait. Il voulait lui aussi des enfants, peut-être pas aussi vite, mais s’il s’avérait que le traitement pour la fertilité de son épouse avait marché qu’elle était enceinte… Il serait le plus heureux des hommes. Pourtant, il se sentit dans le devoir de lui dire,
- Clio… Il ne faut pas nous réjouir trop vite. Cela fait à peine huit mois que tu prends ton traitement… Le médecin a dit que les premiers effets ne seraient pas visibles avant un an au moins.
- Je sais… Mais… On peut espérer ? Comme je ne suis pas tout à fait humaine… ?
- Oui… Mais pas de faux-espoirs, je sais que je suis cruel mais…
- Non, non tu as raison, dit-elle en se serrant contre lui. Elle ferma les yeux, avant de sécher ses larmes, je vais aller déjeuner puis nous irons en courses.
Benjamin hocha la tête et l’aida à se relever. La journée, la semaine même, serait longue jusqu’à la prise de sang du lendemain et l’arrivée des résultats.
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