Chapitre 12: University
Les examens de Clio approchaient à grand pas. La jeune Muse était stressée, et si elle ne réussissait pas ? Et si elle se foirait et devait tout recommencer ? Devait rester coincée ici une année de plus ? Elle ne le supporterait pas. La seule chose qui la faisait tenir mentalement était de savoir que d'ici quelques mois elle serait à l'université. Loin d'ici. Elle avait été acceptée dans une université non loin d'Hidden Springs, au cœur des montagnes. Elle en était ravie et avait simplement hâte de partir de Monte Vista. Son père avait fini par accepter, non sans mal, qu'elle parte mais à une seule condition. Qu'elle se débrouille pour tous les frais. Qu'elle ne compte pas sur lui pour lui payer quoi que ce soit. La jeune muse n'en attendait pas moins, après tout, depuis le début de son lycée, elle avait pris un emploi à mi-temps pour pouvoir avoir un peu d'argent de poche et n'avait jamais rien touché dessus. Elle avait donc un joli petit pactole qui lui permettrait de tenir le premier semestre sans soucis, payer les frais d'inscription, la location d'une chambre mais aussi, de quoi manger assez raisonnablement. Du moins, elle l'espérait...
Elle se reconcentra sur sa fiche de révision. Elle était en semaine banalisée et n'avait donc pas de cours, mais elle passait le plus clair de son temps ou enfermée dans sa chambre à réviser ou sur la plage sous le phare lorsqu'elle ne supportait plus d'être enfermée. Ce jour-là, elle était sur la plage, assise à même le sable. Le ciel était un peu couvert avec un léger vent frais qu'elle appréciait, il faisait lourd, comme s'il y allait avoir de l'orage. Elle soupira, et posa sa fiche avant de s'allonger dans le sable. Elle fixa les nuages, laissant son esprit divaguer et faisant un point sur ses années de lycée. On ne pouvait pas dire qu'elle avait fait quelque chose d'exceptionnel durant ces années. Elle s'était plutôt fait discrète, n'avait aucun ami, n'était même pas allée à son bal de promo, n'ayant pas de cavalier. Elle serait même totalement incapable de dire le nom d'une ou d'un de ses camarades de classe. Elle se releva et regarda le soleil se coucher. Demain. C'était le début des examens. Elle se leva. Il ne servait plus à rien de réviser maintenant, et de toute façon, elle connaissait bien ses cours. L'avantage de n'avoir que son frère pour ami, elle ne sortait que peu et n'était donc que rarement dérangée pour sortir.
Elle reprit le chemin de la maison, respirant l'air salin pour une dernière fois, elle n'irait pas à la mer avant longtemps maintenant. Lorsqu'elle arriva chez elle, elle trouva sa mère sur le porche.
- Tu as bien travaillé ma chérie ? demanda sa mère en levant le nez de son bouquin.
- Oui, je pense que je suis prête, dit la jeune femme, elle paraissait à l'aise alors qu'au fond elle doutait d'elle-même, pas de ses résultats. Tu veux rentrer ? demanda-t-elle.
- Non je vais encore profiter un peu, je te rejoins après ne t'en fais pas.
Clio hocha la tête et remonta dans sa chambre et se laissa tomber sur son lit après avoir négligemment posé ses fiches sur son bureau. Que faire maintenant ? Elle n'avait ni envie de lire, ni envie de regarder un film. Elle se leva, presque mécaniquement. Écrire. Elle avait envie et besoin d’écrire.
Elle s'installa à son ordinateur et ouvrit un page de traitement de texte et commença à écrire. Elle raconta tout. Toutes ces années qui s'étaient passées depuis qu'elle avait arrêté de rêver de Benjamin, elle lui écrit. A lui. Comme dans un vain espoir d'un jour avoir une réponse, bien qu'elle sache cela impossible, même si elle ne désespérait pas, elle était sûre que son ami d'enfance existait. Qu'il était quelque part sur cette planète. Elle écrivit jusque tard dans la nuit, sautant sans s'en rendre compte le repas du soir. Aux alentours de minuit, elle sauvegarda son travail et éteignit son ordinateur avant d'aller se coucher.
Les jours avaient passé et Clio avait terminé ses examens. Il y avait quelques jours elle avait reçu ses résultats et était reçue avec succès. Sa mère et son frère avaient été très heureux pour elle et l'avaient chaudement félicitée. Ce matin, la jeune femme se prépara pour aller à sa remise de diplôme. Elle était sereine. D'ici quelques jours elle partirait à l'université, et elle pourrait profiter de trois ans de répit. Elle sourit légèrement à son reflet, préparant un masque. Son père serait présent, elle devrait donc faire bonne figure face à tous ces gens.
La cérémonie s'était bien passée, étant première de sa promo, elle avait été félicitée et dû faire un discours, qu'elle avait réussi avec succès. Cependant, en sortant du lycée, une nuée de journalistes attendait devant la mairie.
- Monsieur le maire ! Pouvez-vous nous accorder quelque instant ? demanda une journaliste pulpeuse.
- Oui bien sûr, dit Zeus avec un sourire.
- Vous devez être fier de votre fille ! Elle termine première de sa promo avec les meilleures notes jamais vues depuis des années ? Qu'en pensez-vous ?
- Que tout travail est payant. Elle n'a fait que ceci depuis le début de sa scolarité, c'est bien normal qu'elle soit première.
- Je vois, j'ai cru entendre dire qu'elle allait aller à l’université, et avait été acceptée dans une prestigieuse, qu'en pensez-vous ?
- Rien. Ce sont ses choix et je la soutiens dedans, dit Zeus en enlaçant les épaules de sa fille avec un grand sourire. Clio se força à sourire pour faire bonne figure. Je suis fière de ma fille, de mes enfants. Ils sont prêts à entrer dans leur propre vie active et sont indépendants.
- Bien merci. Encore une question s'il vous plait ! dit la journaliste en voyant le maire et sa famille s'éloigner.
- Non, je vais rentrer, mon épouse est fatiguée, les sorties sont éprouvantes pour elle.
Sur ses mots Zeus empoigna le fauteuil de sa femme et le poussa jusque leur voiture. La foule de journalistes les suivit, espérant avoir quelques commentaires de plus mais les Alpha n'ajoutèrent rien. Peter aida sa mère à s’installer dans la voiture tandis que son père glissait le siège roulant dans le coffre et que Clio s'installait à l'arrière.
L'été avait filé rapidement sans que la famille ne s'en rendre compte et très vite, Clio dut faire ses bagages pour sa rentrée universitaire.
La veille de son départ elle rêva. Pour la première fois depuis des années elle rêva de Benjamin. Cependant, ce ne fut pas comme durant leur enfance. Elle ne pouvait parler avec lui, elle était simplement spectatrice de ce qu'il se passait. Il semblait se disputer avec quelqu'un ce qu'elle trouva surprenant, il n'était pas du genre à s’énerver facilement.
- Ben ! cria la jeune femme en courant vers lui, mais elle eut l'impression de se heurter à un mur invisible qui la séparait de son ami, elle cogna dessus, espérant attirer son attention mais il semblait toujours se disputer avec une autre personne, leurs cris devaient sûrement couvrir le bruit qu'elle faisait, supposa-t-elle, mais en ce cas... pourquoi ne les entendait-elle pas ? Elle s'arrêta collant son oreille contre ce mur invisible et tenta d'entendre quelque chose sans succès. Elle soupira et regarda la scène, impuissante. Cependant, elle eut l'intime conviction que son ami allait lui aussi à l'université. Peut-être le retrouverait-elle dans la sienne avec un peu de chance ? Peut-être se rencontraient-ils pour de vrai ? Elle se réveilla cependant en sursaut en entendant un bruit sourd.
Clio était couverte de sueur et sentait une panique sourde lui monter à la gorge en se rendant compte quelqu'un était dans sa chambre. L'ombre s'approcha à pas lourds, essayant de faire le moins de bruit possible. La jeune femme se figea, fixant l'ombre, lorsque celle-ci murmura
- Ne fais pas de bruit... il y a quelqu'un dans la maison.
- Peter... tu m'as fait peur ! râla la jeune femme en chuchotant.
- Désolé sœurette, dit le jeune homme en s'accroupissant près d'elle.
Les bruits semblaient s'éloigner, ce qui rassura les deux jeunes gens. Soudain, la voix de Zeus s'éleva dans le silence de la maison.
- Où croyez-vous allez ainsi avec nos biens ?
Une voix sembla lui répondre mais trop basse et tremblante pour qu'ils comprennent quelque chose, puis il y eut un cri et le silence raisonna à nouveau dans la maison.
- Voilà. Le problème est réglé.
La voix de Zeus avait à nouveau raisonné dans la maison, puis la porte, de sa chambre sûrement, avait claqué.
- C'est fini je pense... dit Peter en se relevant.
Clio hocha la tête et se retourna dans son lit, cherchant à retrouver le sommeil. Son père avait soit tué l'homme qui s'était introduit, soit l'avait à jamais réduit au silence. Dans les deux cas, elle espérait que ce dernier n'avait pas trop souffert.
- Bonne nuit... murmura Peter en regardant sa sœur.
- Ouais. A demain, dit la jeune muse en jetant un coup d’œil à son réveil.
23H04. Elle avait de la chance, elle ne se levait qu'à six heures le lendemain. Elle pouvait encore dormir.
Son arrivée à l'université s'était très bien passée. Malgré les longues heures de route dans la navette puis dans l'avion, elle était finalement arrivée à la résidence. Elle s'était installée dans sa chambre, dans laquelle elle devait avoir une colocataire, elle espérait que cela se passerait bien, elle n'avait malheureusement pas les moyens de se payer une chambre seule pour son année et espérait que sa colocataire serait sympa.
Alors qu'elle finissait d'installer ses affaires, Clio entendit la porte s'ouvrir, elle se tourna, intriguée, et vit une jeune femme à la chevelure verte entrer dans la chambre, un chewing-gum dans la bouche et une valise usée avec un sac à dos.
- Salut ! dit la jeune femme avec un grand sourire
- Bonjour... murmura la muse un peu surprise. Puis elle reprit son installation sans plus se préoccuper de sa voisine de chambre. Sauf que cette dernière ne semblait pas être dans le même état d'esprit.
- Moi c'est Émilie et toi ?
- Clio, murmura la jeune femme tout en continuant à ranger ses affaires. Elle n'avait pas spécialement envie de parler et n'avait absolument aucune envie de lui parler. Pourquoi s'attacher à quelqu'un qu'elle ne reverrait plus jamais après ses études ?
- Sympa ! Tu viens d'arriver aussi ? demanda la jeune femme en jetant ses affaires sur le second lit de la pièce.
- Oui.
-Tu viens d'où ?
- Monte Vista.
- Wahou ! C'est loin ! Moi je viens d'Hidden Springs, du coup je suis tout prêt de chez moi, c'est plus pratique !
Clio ne répondit rien, qu'est-ce qu'elle en avait à faire de savoir d'où venait cette fille ?
- Et bah ! T'es pas très bavarde toi ! dit la jeune femme en riant, tu fais des études de quoi ?
- Double Art option littéraire et histoire.
- Whoo, moi je suis juste en étude de droit.
Clio regarda la jeune femme en haussant un sourcil, étude de droit avec cette tenue ? Elle pensait que les personnes faisant droit devaient avoir une tenue plus stricte et classique... du moins c'est ce qu'on lui avait toujours répété mais elle ne dit rien se levant, attrapant son ordinateur qu'elle mit dans son sac à dos et commença à sortir
- Tu vas où ? demanda sa colocataire
- Je sors. Je vais visiter.
- Ok. A toute à l'heure alors ! dit la jeune femme avec un grand sourire.
Clio sortit sans rien dire en soupirant. Elle était tombée sur quelqu'un de plutôt bruyant, et en fut un peu déçue, elle qui était habituée à toujours être tranquille et solitaire se retrouvait avec quelqu'un qui semblait être complètement à l’opposé d'elle. Elle sortit de la résidence et marcha un moment avant de trouver un coin tranquille où elle s'installa pour écrire. Elle resta jusqu'au soir dans le petit parc, ce fut finalement son estomac qui la fit rentrer. Elle avait faim mais elle avait attendu le dernier moment, elle n'avait pas envie de croiser les autres étudiants de sa résidence.
Lorsqu'elle rentra dans la résidence elle fut rassurée, il n'y avait personne. Elle mangea rapidement avant d'aller se coucher. Demain, elle aurait beaucoup de choses à faire et n'avait absolument aucune envie d'avoir l'air d'un zombie le lendemain pour ses premières heures de cours. Elle mangea rapidement quelques petits trucs dans le frigo avant de monter et de rapidement se coucher. Miss Emilie n'était pas dans son lit. Clio en fut légèrement surprise mais elle posa son sac au pied de son bureau et se changea avant de se coucher. Elle était épuisée.
Le lendemain, après la réunion d'accueil, elle se rendit à ses premiers cours et profita. Elle était passionnée par ce que disaient ses professeurs et prenait beaucoup de notes. La pause déjeuner arriva rapidement et la jeune femme sortit. Elle ne s'était rien préparé à manger et ne savait pas où elle pourrait manger, elle regarda autour d'elle, et vit un petit bar qui ressemblait à un snack. Elle s'y dirigea donc et regarda ce que le commerçant proposait. Se décidant pour un hot-dog, elle entra et commanda avant de s'installer à une table. Elle mangea rapidement et remit ses notes au propre sur son ordinateur. Elle travailla jusque-là fin de sa pause et retourna en cours jusqu'au soir.
Lorsqu'elle rentra à la résidence, elle monta directement dans sa chambre et s'installa sur son bureau, travaillant encore ses cours. Elle fut tirée de ses cours par la sonnerie de son téléphone portable.
- Allô ? dit la jeune femme sans regarder qui était son correspondant.
- Hey sœurette ! Alors cette première journée, comment ça s'est passé ?
- Bien bien.
- Tu as fait quelques connaissances ?
- Pas vraiment tu sais, en cours, j'écoute.
- Oui mais tu es en coloc non ?
- Oui.
- Et... ?
- Et rien. Elle s'appelle Emilie, étude de droit et cheveux verts.
- D'accord, essaye de faire connaissance.
- Comment va maman ?
- Elle va bien, ne t'en fais pas, elle est juste fatiguée, comme souvent après ses examens.
- Ça a donné quoi ?
- Rien de spécial, sa situation est toujours stable, elle n'évolue pas mais ne régresse pas. Ils envisagent de la réopérer pour lui remettre des broches différentes, plus souples qui atténueront sa douleur... Elle veut en discuter avec Père.
- Je vois. Combien ça coûterait ?
- Cher, je ne sais pas combien exactement mais, je ne pense pas qu'elle voudra la faire. Je suis quasiment sûr qu'elle n'en parlera pas à Père.
- Oui... essaie de savoir combien l’opération coûterait.
- Ok. Tu es occupée en fait, non ?
- Je reprenais mes cours mais t'inquiète. Ça va toi ?
- D'accord. Oui ça va ne t'en fais pas.
- Ton travail ?
- Ça va, ça va, ça paye bien. Je te ferai un virement d'ici quinze jours pour que tu sois tranquille.
- Non non, ne t'en fais pas, je vais trouver un petit travail d'ici la fin de la semaine, je veux juste attendre de voir mon emploi du temps.
- Comme tu veux... mais si tu as besoin n'hésite pas d'accord ?
- Oui. Je te laisse, je vais aller manger un peu et retourner travailler.
- D'accord, bisous sœurette.
- Bisous et à maman aussi.
- Ouais.
Elle attendit d'entendre la tonalité signifiant que son frère avait raccroché avant de s'écarter du bureau en soupirant. Sa mère aurait cette opération, coûte que coûte. Elle terminerait ses études et travaillerait assez après pour lui offrir cette opération à sa mère. Elle se remit sur ses cours jusqu'à ce que son estomac gargouille. Au même moment la porte de sa chambre s'ouvrit laissant entrer sa colocataire.
- Ah tiens ! Salut Clio ! dit Émilie.
- Bonjour..., répondit la jeune muse dans un murmure. Elle était assez froide. Elle se leva, rangeant ses affaires.
- Oh... tu t'en vas ?
- Non. Je vais manger.
- Ah ok. Fais gaffe, c'est le dawah en bas.
- Mhm.
Clio descendit les escaliers et se rendit dans la cuisine, slalomant entre les différents étudiants sans se faire remarquer. Elle attrapa quelque chose dans le frigo et s'occupa de se préparer à manger. Puis elle mangea rapidement dans la salle commune avant de remonter se coucher. Elle fut seule et cela la soulagea. Elle n'avait pas spécialement envie de lier des amitiés. Pourtant cela ne pourrait lui être que profitable. Sauf qu'elle avait peur. Peur que les gens découvrent ses terribles secrets, elle n'était pas humaine après tout, mais surtout, elle n'était pas la joyeuse jeune femme que tous connaissaient. Et ici, elle n'était connue de personne, elle n'avait pas besoin de faire semblant. Semblant d'être amicale, joyeuse, bienveillante, elle pouvait choisir de cacher qu'elle était vraiment sa personnalité, de se protéger des autres.
Les mois s'enchaînèrent rapidement, l'automne succédant à l'été, l'hiver succédant à l'automne. Clio était plutôt solitaire, elle n'osait pas se mêler aux autres, et au final n'en voyait pas vraiment l'intérêt. Elle passait son temps libre à travailler autant dans sa chambre que dehors mais aussi, à regarder des séries, des films ou encore, à lire. Mais aussi, elle cherchait. Elle cherchait dans les listes de l'école si elle voyait le prénom de son ami. Et effectivement, des Benjamins il y en avait des centaines. Elle les avait trouvés, presque tous. Malheureusement, aucun de ressemblait à son ami, elle n'en avait donc abordé aucun. Elle se décourageait, et plus elle se décourageait, plus elle s'enfermait dans sa solitude et son travail. Émilie avait changé de résidence pour le second semestre, et la jeune femme se retrouvait seule, ce qui l'arrangeait bien. Elle n'avait pas vraiment lié de liens avec la jeune femme aux cheveux verts et cette dernière avait rapidement abandonné d'en apprendre plus sur sa colocataire. Elle était rentrée quelques jours aux vacances de Noël et avait été contente de retrouver sa mère et son frère. Ils avaient tous les trois passé de bonnes journées à discuter et sortir.
Elle était maintenant en dernière année, à quelques jours de ses examens, la jeune femme était plongée dans un de ses livres. Elle était passablement stressée, pas par ses examens comme beaucoup le pensait, mais par la pleine lune. Elle avait pris l'habitude de s'enfermer dans sa chambre et de jeter un sors qui l'empêchait de sortir, aussi bien par la porte que par les fenêtres, mais elle avait toujours peur que quelqu'un vienne et frappe à sa porte, brisant le sort de protection. Elle remonta dans sa chambre en début de soirée, avant que la lune ne se lève et s'enferma dans sa chambre posant les sorts et les renforçant par peur. Puis elle s'allongea sur son lit et attendit.
Elle se figea, sentant la Lune monter dans le ciel nocturne et son pouvoir fuser dans ses veines, coulant comme une rivière un jour de pluie. Ses yeux devinrent plus lumineux, sa peau aussi, elle était d'une beauté sensuelle et mortelle à la fois. Elle s'assit sur son lit, ses sens exacerbés. Elle sentait tous les gens en dessous, au-dessus ou dans les pièces près d'elle. Elle s’imprégna de leur présence, son pouvoir impétueux voulant prendre leur vie. Clio se concentra, à demi effrayée, pourquoi n'arrivait-t-elle toujours pas à se contrôler alors que son frère et son père n'étaient même plus affectés par le contrôle de la lune ? Elle se força à s'allonger sur son lit et fixa son plafond.
La nuit fut dure et fatigante pour Clio, elle luttait contre les instincts de la magie en elle. Elle réclamait du sang, beaucoup de sang. Mais la jeune femme ne voulait pas, elle ne se souvenait que trop bien lorsque son père avait amené une biche dans le sous-sol. Au matin, il n'y avait qu'un tas de chair sanguinolant. Elle ne voulait plus jamais avoir affaire à ça, ne voulait plus jamais avoir le sang d'un autre que le sien dans sa bouche.
Lorsque le jour se leva enfin, la magie décrut d’un coup et la jeune femme tomba comme une pierre dans le sommeil, épuisée par sa lutte. Quelques heures plus tard son réveil sonna et elle sortit difficilement de son lit. Elle enchaîna ses derniers cours dans un état second tant elle était fatiguée.
Le soir venue elle se coucha à peine rentrée et dormit jusqu'au lendemain.
Les examens étaient passés, et la jeune femme attendait avec anxiété ses résultats. Enfin, le facteur était passé. Elle s'enferma dans sa chambre pour lire ses résultats et fut soulagée ! Elle avait obtenu sa dernière année avec succès ! Fini les études, bonjour la vie active. Excitée, elle appela son frère qui répondit aussitôt et lui annonça la bonne nouvelle. Peter s'était mis sur haut-parleur et elle l'entendit lui et sa mère crier de joie et la féliciter, la jeune femme leur demanda s’ils viendraient le lendemain à sa remise de diplôme. Ils répondirent qu'ils essayeraient mais que rien n'était sûr... La jeune femme répondit par l'affirmative, elle comprenait. C'était beaucoup de route et beaucoup de frais après tout.
Le lendemain, la jeune femme reçut son diplôme, major encore une fois de sa promotion, elle reçut les félicitations des doyens de l'université. Après être rentrée à la résidence, elle fit ses bagages se préparant pour son départ le lendemain. Elle se coucha tôt tentant de trouver le sommeil malgré la fête qui se déroulait en bas pour célébrer les diplômes des troisièmes années.
Au petit matin, la jeune femme prit sa navette jusqu'au train avant d'enfin arriver chez elle. Elle fut accueillie avec joie par sa mère et son frère. Son frère la guida jusque sa chambre, et la laissa déballer ses affaires avant de l'appeler en fin de soirée. La jeune femme descendit, intriguée, et découvrit la salle à manger décorée pour fêter son diplôme. La jeune femme sourit doucement en remerciant sa mère et son frère qui avait passé la journée à tout préparer pour ce soir. La fête se déroula sans incident, Zeus étant absent ce soir-là.
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